Les norvégiens de Minor Majority ont pris leur temps pour pondre ce nouvel album. Quatre ans exactement. Un intervalle qui aura permis à leur musique d’évoluer vers un son plus intimiste pour notre plus grand plaisir.
Jon Arild Stieng peut légitimement se targuer d’être un excellent musicien. Mais ce n’est pas une raison pour croire tout ce que le guitariste de Minor Majority raconte... S’il assure que "le batteur du groupe aime le hard rock et le métal, ce qui fait que certaines chansons sont plus rock que d’habitude", ne croyez surtout pas la deuxième partie de sa phrase...
Car si Minor Majority était jusqu’alors un groupe sympathique, dont on aimait écouter les galettes avant, très vite, de n’en écouter plus que quelques morceaux, un cap semble avoir été franchi avec le dernier opus du groupe, Either Way I Think You Know. Jamais, depuis la création du groupe en 2000, le délai entre deux albums n’avait excédé deux années. Les norvégiens en ont cette fois pris quatre pour pondre ce nouvel album.
Et grand bien leur en a pris puisque Either Way I Think You Know regorge de pépites sucrées aux mélodies imparables (To Let Go, Dance, le diptyque In A Way I Think You Know/Either Way I Think You Know, même morceau joué d’abord sous forme de ballade, et de manière bien plus rock ensuite..). Ces titres assez faciles d’accès (mais qui se méritent néanmoins et se bonifient au fil des écoutes) rassureront d’entrée les nostalgiques des pistes les plus passionnantes (No Particular Girl, Come Back To Me, ou encore Supergirl) que l’on pouvait rencontrer sur Reasons To Hang Around, le prédécesseur de ce dernier opus des norvégiens.
Ici, aucune déception puisque cet album abrite également des chansons qui feront fondre l’auditeur dès les premières écoutes. La véritable évolution réside dans le fait que l’album peut désormais se targuer d’être d’une cohérence à toute épreuve et suit une véritable progression que l’auditeur attentif ne pourra que constater, se laissant porter au gré des envolées lyriques de Pål Angelskår. En évoquant cette voix, on ne peut qu’effectuer un parallèle avec celle de Stuart A. Staples, le leader des Tindersticks, inspiration probable du groupe originaire d’Oslo, tant ce mélange de calme, de musicalité et d’humilité est évident chez les deux formations.
Au rayon des ressemblances, on pourra également évoquer The National. Aucune similitude entre les voix de Pål Angelskår et Matt Berninger, mais le calme et la maîtrise des deux groupes accouche également de certaines ressemblances dans leurs musiques respectives. On se délectera ainsi d’écouter un morceau comme Ready Made ou Like Someone Changed The Rule For Us, qui pourraient tout à fait figurer sur le récent High Violet du groupe new-yorkais, sans faire pâle figure.
Either Way I Think You Know n’est donc en aucun cas un album plus rock que ses prédécesseurs. C’est tout l’inverse. La production semble avoir été travaillée davantage encore, et les cordes, utilisées plus fréquemment, sont diablement plus efficaces et transcendent certains morceaux comme Song For Sybil ou Dance. Si jusqu’alors, à l’instar de l’ "enfant en colère", statue de Gustav Vigeland et emblème de la ville d’Oslo, la musique des norvégiens semblait parfois souffrir d’un certain manque de subtilité lié à leur jeunesse, la retenue présente sur Either Way I Think You Know donne davantage d’ampleur, de crédibilité et d’intérêt à ce qui pourrait rapidement devenir un groupe incontournable de la scène indie...