Shocking Blue, Abba, les Nits, 22 Pistepirkko, Stina Nordenstam... Depuis bien longtemps, Néerlandais et Scandinaves ont démontré leur surprenante maîtrise de l'idiome pop anglo-saxon. Loin de cette stérile et laborieuse manie d'imiter leurs modèles (avec un accent forcé souvent risible) qui caractérise tant de groupes hexagonaux, les artistes de l'Europe septentrionale ont souvent su digérer leurs influences pour s'exprimer, sans complexe et avec naturel.
Minor Majority, quintette norvégien (un duo, au départ, qui s'est étoffé) a déjà livré quatre albums de son chaleureux country-folk polaire d'une rare constance. On songe souvent, à cause de la voix profonde mais fragile de Pal Angelskar et des délicates orchestrations de violoncelle, de banjo ou d'accordéon, à un cousin plus aérien des Tindersticks. Car là où le groupe de Stuart Staples oeuvre essentiellement dans la noirceur et la douleur, Minor Majority insuffle dans ces superbes mélodies à la Townes Van Zandt une brise légère, une infinie douceur. Un Tarnation des fjords, en quelque sorte.
Candy Store n'est pas un nouvel album de Minor Majority mais une impeccable compilation de son oeuvre enregistrée. Autrement dit, une introduction idéale à une formation qui, hors des frontières de son pays, touche un public encore bien trop confidentiel. Quant aux déjà convertis, ils retrouveront ici, sur le second CD, une foule de raretés (faces B de singles et chutes du studio) qui brillent, une fois de plus, par leur qualité. A l'instar des Nits bataves, Minor Majority ne sait pas écrire de mauvaises chansons.
