Avec Röyksopp, les Kings Of Convenience et Sondre Lerche, la Norvège a prouvé que ses artistes, pour la plupart anglophones, pouvaient séduire hors des frontières du pays. En attendant que s'exportent les excellents Thomas Dybdahl, Ephemera ou The International Tussler Society, on découvre Minor Majority, quintette d'Oslo qui joue lent, grave et classe, en lorgnant vers l'Amérique des guitares en bois. Mais, à l'évidence, c'est moins les chapeaux de cow-boys qu'une certaine tradition du songwriting qu'ont retenue les Norvégiens : à hauteur d'homme, directe, sans détours ni fioritures.
Une façon de rester digne tout en mettant tripes et états d'âme sur la table, apprise chez Johnny Cash, Will Oldham ou Townes Van Zandt. Si regrets, ruptures et ratages constituent la matière première de ce troisième album, la mélancolie est toujours tempérée par un orgue doux, des chœurs féminins consolateurs ou un violoncelle discret. On pense donc souvent aux Tindersticks, maîtres du genre, d'autant que l'organe mâle et doucement éploré de Pal Angelskar présente quelque ressemblance avec celui de Stuart Staples. Groupe ni mineur ni majeur (pour l'instant), Minor Majority aime simplement le travail bien fait et les chansons qui parlent au cœur.