Imaginez que vous vous baladez tard le soir au hasard dans les rues d’Oslo et qu’en cherchant une Øl (bière) bien fraîche vous atterrissiez dans un bar typique, alors il y aura de grandes chances pour que vous y trouviez aussi un groupe norvégien inconnu qui régale l’assistance de quelques chansons.
Malheureusement il ne pourra pas s’agir des artistes de MINOR MAJORITY que nous présentons ici, car ils sont toujours en tournée ou par monts et par vaux. Car entretemps les deux amis d’enfance Pål Angelskår (chanteur et compositeur) et Jon Arild Stieng (guitare), qui ont été ensuite rejoints par Harald Sommerstad (claviers), Henrik Harr Widerøe et Halvor Høgh Winsnes (batterie) sont devenus un groupe connu et apprécié mondialement.
En 2006, ils ont même joué devant 15000 personnes en première partie de A-HA. Ils ont cependant conservé le charme des gentils garçons d’à côté, maintenant tout à fait adultes. Après une assez longue parenthèse début 2009, ils sont de nouveau présents sur la scène musicale folk-rock et pop avec leur cinquième album "Either Way I Think You Know". Et nous pouvons nous imaginer assis dans le fameux bar d’Oslo que nous venons de trouver et nous laisser entraîner dans l’univers mélancolique et rêveur de nos sympathiques Norvégiens.
La première chanson "In A Way I Think You Know" est représentative de tout l’album : elle commence de manière calme, sensible avec guitare acoustique et une voix prenante. Elle est représentative en ce sens que Pål puise à chaque chanson dans son répertoire apparemment infini de problèmes de couple. Au demeurant il n’est pas le seul à chanter dans cette introduction tout à fait adaptée, il est accompagné par Karen Jo Fields, une artiste norvégienne.
"Song For Sybil" est dans la continuité de l’introduction, dans les sonorités comme dans le contenu. A nouveau, guitare, clavier et également basse. C’est juste un peu plus pop.
On continue avec "To Let Go (Of That Load)". Le rythme déménage, même si le choix des mots est un peu vieux jeu, mais correspond parfaitement à la réalité ! Ensuite entrent en scène des violons endiablés qui parachèvent l’ensemble et en font une chanson typiquement MINOR MAJORITY.
La 4ème piste "Like Someone Changed The Rules For Us" séduit avec la voix de Pål au premier plan qui chante "You gonna hate me for a while [...] and what is worse is that I don’t mind". Accompagnée délicatement de guitare et de claviers. La ballade parfaite.
"When John Passed Away" : d’abord je voudrais dire que le morceau rappelle vaguement "Hijo de La Luna" de LOONAS, bien que la comparaison paraisse ici un peu déplacée, il s’agit d’une artiste demandant elle-aussi une certaine adaptation. Après un petit moment donc, on constate qu’il s’agit d’une autre pépite des Norvégiens – surtout en raison du texte, et vlan, voila "Dance", la chanson suivante du CD et de loin celle sur laquelle on peut le mieux danser. Il suffit de suivre le refrain et de se remuer.
Cela marche comme ça aussi !
La chanson numéro 7 "Try Me" fait fortement penser grâce au banjo et au son distordu du piano à la musique Country. Le ton est suppliant "Try me now, don’t save me for later [...] if tou try me today, I won’t hurt".
La chanson "After Tonight", écrite par Harald Sommerstad, qui d’ailleurs officie aux claviers, est calme et puissante, pleine de souffrance et d’espoir à la fois. Pour la première fois, Pål chante dans une tonalité plus aigüe et maîtrise l’exercice avec savoir-faire, en vrai pro.
"Ready Made" pourrait être la chanson de l’album passant inaperçue, il est facile de l’ignorer complètement à la première écoute. Mais il s’avère que c’est une chanson vraiment atypique pour cet album. Avec un chœur en arrière-plan et plusieurs refrains au lieu d’un seul du début à la fin, elle se démarque par une construction vraiment différente.
C’est maintenant au tour de "Either Way I Think You Know", la chanson-titre. Et elle est rock. Au demeurant avec les mêmes paroles que la chanson n°1 et il en ressort une interprétation différente et qui plait.
Maintenant "Bloomed & Died", personnellement ma chanson préférée. Elle a été écrite par Jakob Krogsvold et on remarque qu’elle est complètement différente. Les riffs de guitare et la mélodie qui se distinguent des autres, ainsi que la voix légèrement tremblante de Pål en font une chanson profonde et chargée d’émotion. Dans une interview (NdT : Interview du 25 mars 2007 à Cologne), le chanteur disait que chaque concert nécessitait une bonne dramaturgie et que les chansons avaient donc un ordre précis et devaient s’accorder les unes aux autres.
Et c’est exactement la même chose sur cet album. Les morceaux ont été méticuleusement choisis et placés et pour la fin il s’est trouvé quelque chose d’approprié : "Dorian Leaving The Table in Rage". S’il s’agissait du titre d’un tableau accroché sur le mur blanc d’un musée, il faudrait s’imaginer une image sombre et douloureuse. Des riffs aux sonorités tragiques rappellent des gloires passées du Rock et confèrent à MINOR MAJORITY un son plus mûr. Et c’est la réalité, après maintenant presque 10 ans d’existence du groupe !
Après autant de "Either Way I Think You Know", je peux maintenant en arriver à une conclusion tout à fait positive. Même si au début j’étais un peu réticente à cause du son gnangnan (!!!), j’ai dû constater qu’il ne s’agissait pas que de chansons du niveau "homme + femme = crise" et tous les gens concernés sont blessés et tristes. Je me demande finalement comment Pål Angelskår réussit à sortir de ses histoires de couples une matière nouvelle pour chaque chanson et si elle ne va pas être vide un beau jour ? Mais ce n’est absolument pas ce que je souhaite, car ce disque est une œuvre vraiment réussie. Je ne tenterais cependant pas la comparaison avec les KINGS OF CONVENIENCE, comme plusieurs de mes collègues l’ont déjà fait. C’est quand même un autre niveau, ou bien plutôt un autre genre ou un autre milieu, car professionnellement nos cinq sympathiques gaillards viennent de toute façon du grand Nord !