Typiquement norvégien : Minor Majority joue du folk-pop éblouissant en mode mineur. Et cela a sûrement quelque chose (ou rien) à voir avec la météo.
U_mag : Pål, existe-t-il une manière typiquement scandinave, ou même norvégienne, d’aborder l’écriture de chansons ? Pål Angelskår : Vraisemblablement pas, mais les Scandinaves semblent avoir un faible pour la musique sombre en mode mineur.
U_mag : Il semble que le soleil ne brille pas très souvent en Norvège. Est-ce la raison ? Pål Angelskår : Eh bien en été le soleil ne se couche jamais, tu sembles plutôt mal informé ! En hiver il fait bien sûr nuit très longtemps et quand le printemps arrive, nous savons vraiment l’apprécier. Nous aimons l’obscurité tout autant que nous la détestons. Quand tu es plutôt de mauvaise humeur, elle t’oppresse bien sûr beaucoup, la plupart des Scandinaves en savent quelque chose. Mais nos chansons sont-elles tristes à cause du climat ou de l’obscurité ? Non, je ne le crois pas. Je ne crois même pas qu’elles soient tristes. Ce sont simplement des chansons. Et c’est comme au théâtre : tu as besoin d’un conflit pour faire avancer l’histoire.
U_mag : Qu’est-ce qui est si formidable dans la mélancolie ? Pål Angelskår : Elle te fait un peu souffrir, mais pas mourir. Et elle te fait penser, à l’inverse de la dépression qui a pour résultat de te faire cesser d’agir rationnellement. Avec la mélancolie au contraire on peut vivre. Et on peut même en jouir.
U_mag : Vous avez fondé le groupe en 2000. Et maintenant vous avez annoncé qu’il n’y aurait plus qu’un autre album. Pourquoi en avez-vous assez de la musique pop ? Ce ne peut pas être dû au manque de succès … Pål Angelskår : Nous n’en avons pas du tout assez de la pop. Nous l’aimons. Mais cela fait maintenant plus de dix ans que nous sommes dans ce boulot. Et il y a un moment où l’on se dit simplement qu’il faut tourner la page, faire quelque chose de nouveau..
U_mag : Que savez-vous donc faire à part de la musique ? Travailler comme fossoyeur, comme Peter Green l’a fait jadis après son burn-out ? Pål Angelskår : Je crois que nous irons tous mieux quand nous aurons plus de temps pour nous. Si quelqu’un a envie d’un nouvel album, alors nous le ferons, sinon nous ferons autre chose. C’est bien comme ça, non ?
U_mag : Tout à fait. Tu as naguère reçu un disque d’or des mains de l’idole de ta jeunesse Evan Dando. Y a-t-il un autre rêve que tu souhaiterais réaliser ? Pål Angelskår : Bien sûr, je suis très bon en matière de rêves. Peut-être un album commun avec Evan Dando, ce serait fabuleux !
