Bien que Minor Majority soit toujours en activité de temps à autre, Pål Angelskår revient en tant qu’artiste solo. Et certains se demandent quelle est la différence.
- « Ces chansons tendent vers une direction différente. Je perçois les nuances, même s’il n’est pas évident que les autres le fassent. »
Un projet solo
L’année de Pål Angelskår est partagée en deux. Au printemps il assure un cours de philosophie à Bjørknes College. L’automne est consacré à la musique.
La semaine prochaine il publie un album intitulé “The Cellar Door Was Open, I Could Never Stay Away”. Avec sa voix caractéristique et des chansons entraînantes et riches en contenu. On aurait pu imaginer qu’il y mette le nom de Minor Majority et qu’il conserve ainsi le large public conquis depuis le début du siècle. En toute impunité puisqu’il y a 15 ans, Minor Majority était présenté comme le projet solo du chanteur du groupe Reverend Lovejoy.
Mais c’est une question de solidarité au sein du groupe.
- « Dès le deuxième album, Jon Arild Stieng est devenu un homme important pour Minor Majority. Une grand partie du son est né de nos discussions sur ce que devaient être les chansons. Minor Majority est un groupe. Même si ce sont mes chansons qui en constituent le point de départ. Nous avons vécu comme un groupe pendant de nombreuses années. Mais il y a eu une certaine usure, les gens sont devenus adultes et ont fondé une famille, et tout le monde était fatigué de s’y consacrer à 100%. Nous avons donc levé le pied et c’est difficile de relancer la machine. Maintenant que nous le faisons avec moins de pression, nous avons retrouvé le plaisir de jouer. Minor Majority rejouera davantage. Mais nous devons d’abord créer quelque chose de nouveau », explique Pål Angelskår.
Une marque
Minor Majority est revenu à Sentrum Scene l’année dernière après une longue pause. Le concert a si bien marché qu’ils ont enchaîné avec une petite tournée à guichets fermés. Cet hiver ils ont rempli le Rockefeller à Oslo. Alors que Pål Angelskår jouera devant beaucoup moins de monde au John Dee (Oslo) à l’automne.
Comme Ray Davies des Kinks ou John Fogerty de Creedence Clearwater Revival : les concerts peuvent être aussi bons qu’avant, mais les fidèles sont moins nombreux à le savoir.
- « Je pourrais attirer plus de monde avec la marque Minor Majority, mais l’essentiel n’est pas là. La tournée de mon précédent album solo était de moindre envergure, mais elle m’a apporté certaines de mes plus belles expériences. »
Pourtant Pål Angelskår jouera plusieurs anciennes chansons de Minor Majority lors de ses propres concerts.
- « Je le fais parce qu’elles font partie de ma propre histoire. Et j’ai eu de bons commentaires des autres membres du groupe lors de mon dernier concert solo à Oslo. Ce sont des gars généreux. »
De solides références
Le nouvel album a une très bonne jaquette, conçue par Eivind Stoud Platou, avec un grand dessin d’une pièce pleine de références. Des disques jonchent le sol allant de la bande originale du film « Beat Street » au groupe norvégien « Sister Rain ».
- « Celui qui a fait le dessin me connaît bien. Il a dessiné un sous-sol qui montre une partie de ce que nous avons vécu ensemble. C’est une référence à notre éducation, sans « style » précis. Mes goûts musicaux ont beaucoup évolué entre ma jeunesse et l’âge adulte. « Beat Street » est le premier album que j’ai acheté. « Sister Rain » n’est pas le dernier mais l’un de ceux que j’ai le plus écoutés. »
Auteur
Le nouvel album a plusieurs clins d'œil à la scène rock d'Oslo, avec une reprise de « Local Karaoke Queen » de Muzzlewhite.
- « Muzzlewhite est un groupe que j’aime beaucoup et avec lequel nous avons beaucoup joué. Ils avaient un peu le même état d’esprit que Minor Majority, la sobriété, mais avec de bonnes chansons. Les textes de Tore Aurstad sont empreints de souffrance et d’humour. Il est plus tard devenu écrivain. »
Pål Angelskår l’est aussi. Il a publié un recueil de nouvelles et de poèmes et a démontré qu’il pouvait aussi écrire en norvégien. Mais les chansons sont toujours en anglais ?
- « Je n’ai pas de bonne explication à cela ; je suis simplement habitué à écrire des chansons en anglais. J’aimerais vraiment faire quelque chose en norvégien. Cela viendra sans doute à un moment donné. »
Entre drames et conflits
La première fois que Pål Angelskår avait été interviewé dans ces pages, il était encore dans Reverend Lovejoy, en 1999. Il avait déclaré au sujet de leurs chansons : « Beaucoup de gens ont la faculté d’écrire de la pop joyeuse. Moi, quand je suis heureux, je sors boire une bière ou jouer au Frisbee dans le Parc de Frogner. C’est quand je suis triste que je m’assieds pour écrire de la musique. ». Est-ce-toujours vrai pour les nouvelles chansons ?
- « Dans une certaine mesure, oui. Pour que quelque chose devienne intéressant il doit y avoir une part de drame ou de conflit. Cela ne doit pas être nécessairement triste, mais au moins étonnant ».
Nous avons peut-être là une explication au titre de cet album “The Cellar Door Was Open, I Could Never Stay Away”.
- « Il s’agit aussi bien d’étonnement, de curiosité et de situations dont vous ne savez pas où elles vont vous mener ».