Cette semaine, j’ai retrouvé un album d’un groupe qui devrait plaire à une petite majorité d’entre vous. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le nom du groupe : Minor Majority. Et l’album, sorti en 2010, s’appelle Either Way I Think You Know. Pour ne pas changer par rapport aux chroniques précédentes, ce groupe nous vient de Scandinavie lui aussi, plus précisément d’Oslo. Et que nous propose ce groupe venu du Nord ?
Le premier morceau, intitulé To Let Go (Of That Load) place l’ambiance rapidement. Un peu de pop, un fond de commerce folk, à la guitare acoustique, tendance ballade, une guitare électrique en appui pour colorer le tout de bon vieux rock. Mais c’est surtout la seconde piste, Like Someone Changed the Rules For Us, qui nous plait, avec cette toute première phrase, répétée deux fois : « We gonna have this fight gun ». Ça, c’est de l’accroche ! Nous allons avoir ce duel au pistolet ! Répété sur un ton résigné, comme une évidence incontournable, nous allons devoir nous tirer dessus. La puissance de ce leitmotiv, c’est incroyable ! J’en suis tout retourné. On croirait entendre un véritable texte de songwriter, un morceau issu des protestataires des années 70 aux USA. Ceux qui chantaient pour dire quelque chose !
Malheureusement, je n’arrive pas à trouver ce morceau en écoute libre sur des services de partage, je vous propose donc d’écouter un extrait sur le Google Store ou sur Deezer. C’est vraiment une déchéance pour moi en tant que chroniqueur de ne pouvoir proposer la chanson complète à tout le monde, mais que voulez-vous ma bonne dame, ça arrive même aux meilleurs. C’est ce que cesse de me répéter ma femme, en tout cas. Puis il faut bien que les artistes soient rémunérés à leur juste valeur - message sponsorisé par la SACEM -.
Like Someone Changed the Rules For Us. Quelle puissance. Certains arrangements, en particulier un petit bridge joué sur les basses, ça aurait presque la puissance de rébellion d’un Bob Dylan. Période rockeur. Ou d’un Francis Cabrel, plus prosaïquement.
Enfin, tout ça, c’était avant le drame.
Oui, le drame. Le moment où j’ai ouvert le livret pour savoir plus exactement quel était le texte de la chanson. Lorsque j’ai vu que ce n’était pas « We gonna have this fight gun », mais «We’re going to have this fight again ». Et qu’après, ça parlait d’un couple qui se déchire - sur les lames de ton plafond. Et mince. Où sont-ils, les rebelles contestataires bobdylaniens que j’avais espérés ? Ce ne sont pas des paroles de rockeurs ! Mon monde s’écroule.
J’aurais dû m’en douter. Tout d’abord, parce que fight gun, ça veut dire pistolet de combat, pas combat au pistolet. Puis ensuite, leurs titres étaient trop longs. Prenez, par exemple, l’avant-dernière piste : Dorian Living the Table In Rage. Ça n’est pas un titre de chanson contestataire ça. D’ailleurs, à la base, c’est un titre, ça, sérieusement ? Ce n’est pas un roman qu’on écrit au dos du cd, c’est juste la liste des chansons ! Cependant, cette chanson est vraiment bien.
Quelle admirable utilisation du dialogue entre la mélodie de la guitare électrique et celle du chanteur ! La voix grave du chanteur, l’ambiance noire et dépressive, que n’aurait pas renié un Nick Cave. Voici donc une bon groupe qui oscille dans un univers folk rock, parfois un peu dépressif et mélancolique, mais bien moins que ce à quoi on pouvait s’attendre en lisant la liste des titres : When John Passed Away, Bloomed & Died, Dorian Living the Table In Rage et autres réjouissances. Ce n’est pas de la pop guillerette, mais ce n’est pas non plus une ambiance trop pesante.
Minor Majority n’en est pas à son coup d’essai. Ce groupe a été formé en 2000 à l’initiative de son leader Pål Angelskår, sosie non reconnu de Jean-Paul Rouve. Either Way I Think You Know est déjà le sixième album du groupe, qui a donc eu tout le temps de mettre au point son style propre. Il a d’ailleurs la particularité d’avoir eu une pochette différente en France par rapport à l’album original. Je crois qu’on y a gagné. La pochette française est beaucoup plus en phase entre le visuel et l’ambiance musicale : sombre. La pochette originale, avec son côté psychédélique période mayençaise de Marc Chagall, semble ne pas devoir contenir le même cd. J’aurais alors eu une toute autre chronique à faire… Notons, par honnêteté intellectuelle, ce qui est rare chez moi, que leur site est très bien fait : www.minormajority.no. En plus, un site en .no, c’est rare.