Et si l'un des groupes folk-rock les plus excitants du moment était norvégien ? Il est permis de poser la question après la prestation d'anthologie de Minor Majority, au Vauban, à Brest (29), mardi soir.
Il faudrait offrir des cotons-tiges aux programmateurs radio français. Cela leur permettrait peut-être de se déboucher les ego et de sortir du microcosme autorisé de la poignée de groupes qui passent en boucle, avec triple looping, et puis reviennent encore à la faveur d'une prise de risque et d'une inventivité plates comme la plage des Blancs-Sablons.
Cela leur permettrait à l'évidence de s'offrir un crochet par les fjords où vivent dans la lumière des groupes de folk-rock touchés par la grâce et la troublante profondeur de compositions ciselées comme des joyaux du Nord. Dans cette veine diamantaire, l'une des plus belles pierres, pure comme un matin de printemps sur les lacs scandinaves, s'appelle Minor Majority.
Articulé autour de cinq musiciens à l'élégance rare, ce groupe multiplie les morceaux travaillés à la demi-mesure et cultive une mélancolie flamboyante. Les quelque 300 spectateurs qui ont eu l'audace de dépasser le préécouté ont pu mesurer la profondeur sublime des Norvégiens au Vauban lors de ce rêve. Un songe de plus d'une heure et demie, où la voix purement prodigieuse du leader Pål Angelskår vient se poser sur des harmonies au cordeau, comme un oiseau marin sur un rocher face à la Baltique.
Sublime et encore plus lorsqu'il pleut des cordes sur l'enchantement Minor Majority, quand le groupe joue fort et bien ensemble dans un déluge de sons merveilleux qui sonnent ensemble comme autant d'angélus sur des bonheurs simples. Des premiers morceaux au somptueux "Supergirl", le bonheur vient du Nord et enflamme une salle sage et hypnotisée à la faveur de finaux éblouissants et de frêles balades acoustiques qui montrent une fragilité viking portée par une voix d'ange. Inoubliable.