Comme promis, San et Sonja ont réalisé l'interview de Minor Majority le 25 mars dernier, un peu avant le concert de Cologne.
Jon et Pål se sont gentillement prêtés au jeu et ont répondu à vos questions.
Voici, grâce à Hélène, la traduction de cet entretien ...
Minor Majority : le groupe norvégien au son mélancolique était en Allemagne dans plusieurs villes à la mi-mars pour leur tournée et a été acclamé entre autres pour ses concerts de Hambourg, Berlin ou Cologne.
Nous avons rencontré Pål Angelskår, le chanteur et chef du groupe, et le guitariste Jon Arild Stieng à Cologne.
Sonja : Vous êtes depuis une semaine en Allemagne pour votre tournée 2007 : quel est le bilan provisoire et quel accueil avez-vous reçu des fans ? Pål : C’était vraiment bien de revoir quelques spectateurs. Le public ici est très attentif et intéressé par notre musique lente. Nous sommes passés par des villes où nous n’étions jamais allés auparavant ; les concerts ont attiré plus ou moins de monde, mais partout le public était formidable et très concentré. C’est naturellement très bien pour nous, c’est plus simple pour nous que de jouer contre les spectateurs.
Anne-Kathrin : Pendant cette tournée, vous jouez devant un public relativement restreint, dans de petites salles. Mais vous avez déjà participé à de grandes manifestations comme des festivals, vous avez fait par exemple la première partie du groupe norvégien a-ha et joué devant plus de 15 000 personnes. Qu’est-ce qui vous plait le plus et quel est le charme de chacun des deux types de concerts ?
Pål : Il est difficile de dire ce que nous préférons. Le gros avantage quand on joue devant un grand public est qu’on a généralement une bonne chambre d’hôtel et que tout est organisé. C’est très agréable quand on est en tournée longtemps. Donc le confort est un avantage que l’on apprécie quand on joue devant beaucoup de monde. Quand on joue devant un public plus restreint, on peut vivre des moments particuliers et échanger des expériences plus intimes avec le public. Généralement la communication est meilleure parce que les spectateurs sont bien plus près de toi. Mais pour le voyage c’est plus difficile car nous organisons tout nous-mêmes, cela rend la chose plus fatigante.
Jon : Oui, en ce qui concerne les concerts, j’aime jouer sur de petites scènes où les membres du groupe sont proches les uns des autres. Cela donne tout simplement un meilleur son, c’est plus facile d’être un vrai groupe, on perçoit directement ce que les autres jouent et même de l’endroit où tu es cela a le son d’un groupe. Sur les grandes scènes tu ne peux que t’entendre toi-même et tout ce dont tu as besoin vient par l’écran de contrôle. Tu perds donc un peu le sentiment d’être un groupe. Donc, c’est super de jouer sur de petites scènes !
Pål : Oui, c’est vrai et tu fais plus d’efforts quand tu joues pour des gens qui ne te connaissent pas encore très bien. C’est positif parce qu’évidemment on se concentre mieux et que forcément on joue mieux.
Sonja : Mais ça doit être dur parfois de faire la première partie d’un grand groupe, puisque beaucoup de gens ne viennent que pour écouter cet autre groupe.
Pål : En fait non. Nous n’avons joué jusqu’ici que peu de fois en première partie. L’été dernier avec a-ha par exemple, parce qu’il y avait 15000 spectateurs. Ces deux concerts étaient formidables, nous avons passé un très bon moment. Mais en fait nous n’aimons pas trop jouer en première partie. Je préfère jouer seul, parce que le public ne vient que pour toi. Donc il est poli et écoute vraiment. Comme je l’ai déjà dit, nous avons un très bon public et en sommes très heureux. Quand on fait la première partie ou que l’on participe à des festivals, on ne peut pas choisir son public. Il y a beaucoup d’autres facteurs qui entrent en jeu. Donc les festivals ou les concerts en première partie peuvent être biens si tu as de la chance ou joues toi-même très bien, mais ça peut être aussi plus difficile.
Jon : C’est une bonne occasion de se faire connaître. Cela a été le cas par exemple avec les concerts de a-ha. La plupart des spectateurs, en fait tous (il rit) étaient là pour voir a-ha. Mais certains sont repartis avec l’envie de nous revoir ou d’acheter nos CD. Nous élargissons donc notre cercle de spectateurs en faisant la première partie de groupes comme a-ha.
Sonja : Au début de l’année, vous avez reçu le prix Spellemann (équivalent des Victoires de la musique NdT) en Norvège dans la catégorie « Meilleur groupe pop ». Qu’est-ce que cela a changé pour vous ?
Pål : Pas grand chose. Tu sais, cela faisait déjà plus d’un an que nous étions en tournée avec l’album actuel quand nous avons obtenu le prix. En Norvège, nous avons en fait terminé la tournée. Nous vendons nos CD et donnons des concerts, mais il ne s’est rien passé de très important depuis que nous avons eu le prix. C’est une preuve de reconnaissance et en tant que telle c’est formidable parce que nous faisons de la musique depuis si longtemps déjà. Quand tu reçois un prix, cela te permet simplement de voir que quelqu’un apprécie ce que tu fais et cela fait vraiment du bien. Mais sinon cela n’a pas eu beaucoup d’influence. Comme je l’ai dit il s’agit juste d’une reconnaissance qui montre que les gens s’intéressent à toi, en Norvège comme à l’étranger.
Anne-Kathrin : Maintenant une question sur l’histoire du groupe Minor Majority : d’où vous connaissez-vous et comment le groupe s’est-il formé ?
Jon : Nous sommes tous à peu près du même coin d’Oslo. Pål et moi avons grandi à moins d’un kilomètre de distance, nous nous connaissons depuis l’enfance et sommes allés à la même école. Nous avons certes joué dans deux groupes différents, mais qui avaient le même bassiste...
Pål : .... et votre parolier était mon meilleur ami
Jon : ... et en même temps le batteur de ton groupe. C’était donc le même groupe de gens. Harald, notre pianiste, a joué dans l’ancien groupe de Pål, Reverend Lovejoy, et moi, j’ai joué dans un autre groupe avec Henrik, le bassiste, et Halvor, le batteur. Donc nous nous connaissons vraiment depuis longtemps.
Pål : Et quand nous avons fait un concert avec Reverend Lovejoy en Norvège, en 1998 je crois, nous avons demandé à Jon, Henrik et Halvor de nous soutenir en faisant la première partie. Ils ont surtout fait des reprises de Neil Young et d’artistes du même style. Ils ont été tellement bons que nous avons eu l’air de nuls après.
Jon : Nous avions un groupe faisant des reprises de Neil Young et nous jouons encore parfois avec eux
Pål : Je me souviens encore avoir pensé après que ce serait formidable de jouer avec eux, je m’en souviens très bien. Mais ça ne s’est pas passé ainsi. Le premier album de Minor Majority est une sorte d’album solo. Je n’y suis pas tout seul, mais il y a aussi mon producteur Andreas Berczelly. Il y avait quelques chansons que je voulais absolument faire, mais que je ne pouvais pas enregistrer avec Reverend Lovejoy. Avant que l’album ne paraisse, nous avons demandé à Jon d’écouter d’une des chansons et de nous dire ce qu’il en pensait. Nous avons passé à peu près deux heures en studio et c’était vraiment bien ; il a joué de la guitare pour « She’s a New Yorker » et a fait les choeurs. Ensuite nous avons pensé tous les deux que nous pourrions faire quelque chose de bien ensemble et sommes partis en tournée avec le premier album. Ensuite je lui ai demandé s’il voulait continuer à travailler avec moi et il a accepté. Et c’est comme ça que nous avons commencé à écrire des chansons ensemble.
Sonja : Quand avez-vous décidé de devenir musiciens ? Est-ce que vous en aviez toujours rêvé ? Pål : Je crois que Jon et moi n’avons jamais vraiment décidé de devenir musiciens- cela s’est fait comme ça. Depuis l’âge de 14 ans je joue dans des groupes et lorsque j’ai fini mes études à Oslo, le groupe était suffisamment développé. Nous avions déjà fait quelques concerts en Norvège et le groupe était prêt à se lancer. C’est ce que nous avons fait. Jon travaillait encore à l’époque et moi je venais de terminer mes études. Nous avons pensé que nous pouvions essayer de voir combien de temps nous pouvions le faire. Je crois que nous pensions tous les deux que cela ne durerait que six mois – et c’est devenu notre métier.
Jon : Oui, c’est devenu notre métier
Pål : Ce n’était donc pas programmé. Mais je crois qu’il n’y a pas beaucoup de groupes qui programment d’avoir du succès et de pouvoir en vivre. On en est tout simplement incapable, du moins au début. Ce qui se passe, c’est que tu es fou de musique, que tu aimes la musique et que tu ne peux pas te passer de jouer et d’écouter de la musique. C’est arrivé simplement comme ça : tu joues dans un groupe, tu aimes faire de la musique et tout à coup tu peux en vivre. Voila, nous ne l’avons pas programmé.
Anne-Kathrin : Pål, à quel âge as-tu commencé à écrire tes premiers textes ? Pål : J’écris des textes et des chansons depuis l’âge de huit ans. Depuis je n’ai jamais arrêté. Au début il s’agissait surtout de poèmes et de petits récits en norvégien et de petites choses que l’on peut fredonner. Ensuite, après avoir joué quelques années dans des groupes, j’ai voulu essayer d’écrire des chansons en anglais. Il m’a fallu plusieurs années avant qu’elles soient vraiment réussies, mais c’était le début.
Sonja : Pål écrit presque toutes les paroles tout seul pour Minor Majority. En quelle mesure le reste du groupe participe-t-il à l’élaboration de la musique ?
Jon : J’ai composé la musique de quelques chansons et Pål a écrit les textes. Sinon j’ai fait les arrangements de quelques chansons, mais c’est tout.
Pål : Normalement les autres ne participent pas beaucoup aux textes. Mais je leur demande conseil de temps en temps et ils me donnent de bonnes réponses. Mais généralement c’est seulement Jon et moi. J’ai un début de mélodie et quelques accords en tête et je les montre à Jon. Nous commençons à y travailler et dans un deuxième temps nous les présentons aux autres lors des répétitions et chacun apporte sa contribution.
Anne-Kathrin : Vous êtes en train de travailler sur de nouvelles chansons. Quand pouvons nous compter sur un nouvel album et quels sont vos buts pour les prochains mois ?
Pål : Quand nous serons rentrés en Norvège après la tournée, nous irons à coup sûr en studio. A l’heure actuelle nous ne pouvons rien dire d’officiel, mais nous travaillons sur les nouvelles chansons.
Sonja : Une question à laquelle vous avez sûrement dû répondre souvent : quelles sont les chansons que vous préférez jouer personnellement ?
Jon : Hier (= à Bielefeld, NdT) nous avons joué deux nouvelles chansons, cela nous plait toujours beaucoup. Les autres chansons, nous les jouons déjà depuis un an en tournée. Cela fait plus de 100 concerts et on en a assez de chanter certains titres, alors que l’on a toujours du plaisir à en jouer d’autres. Mais actuellement ce sont les nouvelles chansons qui nous plaisent le plus, aussi parce que nous sommes en train de les élaborer, bien sûr. On les joue chaque fois un peu différemment, on essaie des trucs sur scène et cela fait vraiment plaisir.
Anne-Kathrin : Mais aucun de vous n’a une chanson précise qu’il préfère jouer ?
Pål : Chacun de nous a ses chansons préférées, mais cela varie d’une soirée à l’autre. Un soir nous pouvons adorer une chanson que d’habitude nous n’aimons pas trop jouer, cela dépend de l’atmosphère, du public. Mais bien sûr chacun a ses chansons préférées. Moi j’aime particulièrement la première partie d’un concert, les trois ou quatre premières chansons. C’est une véritable construction : cela commence très calmement et peu à peu l’intensité augmente. Mais c’est difficile d’indiquer vraiment une chanson préférée, car cela change chaque soir. Bon, par exemple, j’aime toujours jouer « As good as it gets » : c’est une chanson très convaincante en concert.
Jon : Et normalement nous changeons notre setlist à chaque concert. Il y a des titres que nous ne chantons pas tous les soirs. Et il y a bien sûr des chansons incontournables : « Supergirl », par exemple, même si avec le temps on en a un peu assez. Mais il y a quelques chansons que nous ne jouons qu’une fois par tournée, comme « You were saying ». Globalement nous l’avons déjà jouée souvent, mais comme nous ne le faisons pas chaque fois, mais seulement de temps en temps, c’est un plaisir et ça ne devient pas une habitude.
Anne-Kathrin : En tournée, vous passez généralement beaucoup de temps en voiture. Parfois vous avez un peu de temps libre : à quoi l’occupez-vous ?
Jon : Aujourd’hui nous avons justement eu une heure de libre et avons visité la cathédrale de Cologne...
Pål : ...qui est vraiment très belle.
Jon : Normalement nous n’avons pas de temps libre : pendant cette tournée, nous en avons eu très peu.
Pål : Nous avons joué tous les jours. Dans la plupart des tournées, nous avons un ou deux jours de libres, mais cette fois nous avons essayé d’être aussi efficaces que possible. Nous avons fait huit concerts en huit jours, ce qui est très fatigant.
Jon : Généralement nous nous levons, nous prenons la voilure pour aller à l’endroit du concert, nous faisons l’installation et les essais de son. Puis c’est le concert et nous allons dormir. Cela ne fait pas beaucoup de temps libre.
Pål : Cela dépend : quand tu prends par exemple un paquebot de nuit, c’est formidable : tu peux dormir et le lendemain matin tu te réveilles dans une autre ville et tu peux t’occuper toute la journée. Mais quand tu es en route dans un bus avec 6 personnes comme pour cette tournée c’est différent. On est toujours en train de travailler.
Jon : Quand on n’a qu’une petite distance à parcourir, c’est génial : comme aujourd’hui nous n’avons roulé que 3 heures et avions une heure pour voir la cathédrale de Cologne, comme nous l’avons dit.
Pål : Souvent ce qui nous plait tout simplement, c’est de nous asseoir, de boire un café, de lire ou de passer un peu de temps tout seuls. Nous sommes six personnes et passons beaucoup de temps ensemble : même si nous trouvons cela formidable d’être ensemble et apprécions la présence des autres, cela peut être une détente d’avoir quelques heures pour soi, si le programme le permet.
Sonja : Henrik, votre bassiste continue à travailler comme pilote. Et les autres ? Es-ce que vous avez tous un job à côté ?
Jon : Non, Harald seulement. Il est juriste et fait de temps en temps des conférences dans des écoles de marketing ou à l’université sur la législation des droits d’auteur, c’est sa spécialité.
Pål : Occasionnellement nous collaborons à d’autres disques ou à d’autres projets musicaux qui n’ont rien à voir avec la pop music. Jon et moi avons par exemple participé à l’enregistrement d’un livre disque : nous avons joué 20 minutes de musique instrumentale pour « Le portrait de Dorian Gray » de Oscar Wilde. Moi j’ai traduit parfois des livres, ce genre de choses.
Jon : Et Pål et moi nous produisons parfois en duo pour de plus petites concerts
Anne-Kathrin : Quel est le rôle de l’ « homme invisible », Andreas Berczelly, pour Minor Majority ?
Pål : Un rôle très important ! Cela fait maintenant huit ans que nous travaillons ensemble en studio et il était là dès le départ. En tout premier lieu, c’est un très bon technicien et son travail en studio est formidable. Mais c’est aussi un bon musicien et un bon arrangeur. Quand nous enregistrons quelque chose en studio, il est toujours présent et nous donne des conseils. Parfois il pense par exemple que nous voulons mettre trop de choses dans une chanson et que cela a une influence négative sur le son. Il enlève quelques prises et nous la joue à nouveau – et il a presque toujours raison. Il a donc un rôle très important dans l’enregistrement d’un album. Pour l’élaboration finale nous travaillons à trois : lui, Jon et moi. Si on est à six en studio, cela ne conduit qu’à des disputes, parce que chacun veut mettre son instrument en avant ; il faut qu’il y ait des gens qui décident, qui prennent tout en main, et chez nous c’est Andreas Berczelly. C’est lui qui met la dernière touche au disque, il est donc très important pour nous.
Jon : Parfois il fait aussi les arrangements pour les cordes, et il a de bonnes idées. C’est un producteur avec un grand sens de la musique et une bonne oreille.
Pål : Sa mère joue de la harpe et il vient d’une famille de musiciens où la musique classique est très importante, c’est pour cela qu’il a une bonne oreille et le sens de la musique. C’est formidable de travailler avec quelqu’un qui vient d’un univers complètement différent du nôtre. Nous écoutons du rock depuis notre enfance. C’est donc très sympa et on peut dire qu’il est en quelque sorte le sixième membre du groupe, tellement il a d’importance pour nous.
Jon : Pendant les enregistrements il est pour ainsi dire le sixième membre du groupe. Comme notre technicien qui nous accompagne toujours en tournée.
Sonja : Pour cette interview nous avons demandé directement aux fans du site français www.minormajority-fr.com les questions qu’ils voulaient poser. Bounty aimerait savoir avec quel(s) artiste(s) vous souhaiteriez travailler ?
Jon et Pål : Nina Persson, la chanteuse du groupe « The Cardigans »
Pål : Elle a une très belle voix qui irait bien avec la mienne, je crois. J’aimerais bien aussi écrire une chanson avec Evan Dando des « Lemonheads » ; j’en serais très fier. Un duo avec « Dolly Parton » serait génial : elle a une voix unique. J’aimerais travailler avec le producteur Rick Rubin. Il produit par exemple « Johnny Cash » , il a déjà travaillé avec les « Red Hot Chili Peppers » et prduit à présent les « Dixie Chicks ».
Anne-Kathrin : Pål, Hélène voudrait savoir si tu procèdes toujours de la même manière quand tu écris une chanson. Commences-tu généralement par la mélodie ou par les paroles ?
Pål : Avant j’écrivais d’abord les textes et ensuite la mélodie. Maintenant j’écris d’abord la musique et j’y ajoute un texte et une histoire. Cela a donc changé avec le temps.
Sonja : Qui décide dans l’organisation d’une tournée des villes dans lesquelles vous jouez ? Seulement votre agent ou avez-vous votre mot à dire ?
Jon et Pål : C’est notre agent tout seul.
Pål : Nous pouvons bien sûr émettre des voeux.
Jon : ... si nous voulons par exemple absolument rejouer à Paris.
Pål : ... ou à Bielefeld. Nous pouvons dire que ça nous a plu, que la salle et le public étaient super, mais c’est l’agent qui prend la décision finale.
Anne-Kathrin : Quels sont vos critères pour établir la setlist ?
Pål : Quand nous établissons une setlist, le plus important est qu’elle corresponde à une sorte de pièce de théâtre : il doit y avoir du suspense, un ressort dramatique. Dans notre cas, nous commençons généralement très doucement pour ensuite intensifier. Au milieu, nous atteignons le point culminant et ensuite le tout décroît un peu. A la fin, les chansons sont souvent plus longues, plus fortes et plus rapides. Tu composes donc une setlist qui a une bonne dramaturgie.
Jon : Cela doit rester intéressant pour le public pendant tout le concert.
Pål : Parfois tu veux enlever une chanson, mais ça ne marche pas, parce qu’elle constitue une liaison importante, une transition entre deux autres.
Jon : Comme je l’ai déjà dit, il y a quelques chansons incontournables. S’ajoute à cela le fait que nous avons quelques singles qu’il faut absolument jouer, surtout en Norvège, mais ailleurs aussi.
Pål : Et tu dois distinguer les différents pays dans lesquels tu joues. En France par exemple, une chanson qui n’était jamais parue en single en Norvège est beaucoup passée à la radio pendant six semaines. Nous devions donc la jouer en France, mais pas forcément en Allemagne, en Norvège ou en Suisse. Chaque pays a ses particularités.
Jon : Cela dépend aussi du lieu et du jour. Quand tu joues par exemple dans un petit club en milieu de semaine, tu vas privilégier des chansons plus calmes. Mais si tu joues devant beaucoup de monde le week-end, tu feras un concert rock, c’est la même chose pour les festivals.
Sonja : Virginie voudrait savoir comment vous choisissez les chansons qui seront ensuite sur l’album. Est-ce que vous êtes toujours d’accord ?
Pål : Non, nous ne sommes pas toujours d’accord, mais bien sûr chacun peut donner son avis. Tout le monde est écouté. Mais quand on arrive à l’élaboration définitive de l’album et qu’il faut enlever quelques chansons, ce sont Jon et Andreas qui s’en chargent.
Jon : Ainsi que Jacob Kryvold, le chanteur de mon ancien groupe et batteur de l’ancien groupe de Pål. Il écoute tout et suggère quelles sont les chansons que nous devons mettre sur l’album. Nous faisons confiance à son goût et à son jugement.
Pål : Mais il n’a qu’une fonction consultative, ce n’est pas lui qui prend la décision finale.
Jon : Nous utilisons ses conseils, mais chacun a son opinion.
Anne-Kathrin : Sonni aimerait savoir quel est le meilleur concert d’un autre groupe auquel vous ayez jamais assisté, et qui vous auriez envie de voir sur scène.
Pål : C’est vraiment difficile à dire.
Jon : Peut-être « Elliott Smith » lors de son deuxième passage à Oslo ; c’était vraiment fantastique.
Pål : « Neil Young » lorsque je l’ai vu pour la première fois avec les « Booker T. And The M.G.’s » à un festival en Norvège. C’était quand même Neil Young en personne et il avait le deuxième meilleur groupe au monde. Ah oui, et « Evan Dando » dans sa tournée en solo. C’était dans un petit club devant 80 personnes seulement et il a joué seul à peu près 2 heures et demi avec seulement une guitare, c’était incroyable.
Sonja : Pour finir, une des questions favorites : Suzie et beaucoup d’autres souhaiteraient connaître l’origine du nom du groupe Minor Majority.
Pål : Quand on réfléchit à un nom pour un groupe, on cherche quelque chose de facile à retenir, comme une formule. Je pense que Minor Majority sonne bien et ce nom a plusieurs sens. Il peut vouloir dire que tu joues beaucoup de chansons en mode mineur, mais il peut aussi signifier « plus petite majorité ». Donc il a une belle tonalité : on a l’impression à l’entendre que quelqu’un s’est vraiment creusé la tête pour trouver un nom à son groupe, mais en fait je ne sais même plus précisément comment il m’est venu à l’esprit ; peut-être tout simplement parce qu’il sonne si bien.
Sonja et Anne-Kathrin : Merci beaucoup, Pål et Jon.